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Fabian Rey – écrire l’histoire avec le pollen

Fabian Rey a examiné des centaines de milliers de graines de pollen - et a ainsi analysé plus précisément que jamais l’utilisation des terres et l’histoire de la végétation. Il reçoit pour cela le Prix Schläfli en géosciences.

Fabian Rey, Prix Schläfli 2020
Image : Thomas Stadler

Assis au microscope de 7 h à 19 h avec une pause d’une heure pour le déjeuner : on peut imaginer mieux - pour le doctorant Fabian Rey, c’était la vie de tous les jours pendant des années. «Je pensais alors que c’était une histoire sans fin», dit-il. Mais l’ambition le poussait. «Je suis quelqu’un qui veut aussi avoir un 20/20 - et un «chläberli».

Fabian Rey est le premier à avoir un doctorat dans sa famille. Son père est technicien, sa mère coiffeuse de formation. Le jeune argovien ne voyait pas non plus son avenir dans la science. Son rêve d’enfant était le design d’intérieur, après avoir fini ses études secondaires, il voulait terminer un apprentissage de menuiserie. Mais de nombreuses entreprises ont décliné - au motif que le garçon était «trop intelligent». Donc école cantonale et diplôme. Quand il a découvert qu’il y avait beaucoup de mathématiques, de statique et de physique dans l’architecture, il a changé ses plans. «J’ai toujours été très intéressé par la géographie classique», dit-il. Il a donc choisi les géosciences. Au cours de sa licence à l’Université de Bâle, il s’est spécialisé en biogéographie et météorologie - cette dernière lui convient d’ailleurs très bien dans le cadre de son loisir, le parapente. Pour sa maîtrise, il a déménagé au Centre Oeschger pour la recherche sur le changement climatique à l’Université de Berne. C’est là-bas qu’il a également découvert ce qui le préoccupe encore aujourd’hui: le pollen.

Fabian Rey a déjà analysé d’innombrables échantillons dans le cadre de son Master, et dans sa thèse de doctorat, il a poussé l’analyse à l’extrême, pour ainsi dire: il a examiné des échantillons de sédiments du lac de Burgäschi et de Moossee, tous deux sur le plateau bernois. «Contrairement au forage de carottes à partir de landes, par exemple, le lit du lac n’est pas perturbé», explique Rey. «Il n’y a pas eu de pâturage ni de destruction par extraction de tourbe.» Avec chaque mètre de matériau, les chercheur·e·s remontent dans le temps ; un mètre de dépôts marins correspond à environ 500-1 500 ans. Les résidus végétaux fournissent des informations sur la composition et la modification de la végétation à un certain moment, que le climat soit plus sec ou humide, qu’il fasse frais ou chaud.

Ce type de recherche existe depuis longtemps. Ce qui distingue le travail de Rey, c’est la précision et la résolution temporelle: alors que les analyses moyennes ont des plages de datation de l’ordre de plusieurs siècles, la précision chez Fabian Rey est de l’ordre de 10 à 15 ans. Cela est rendu possible par l’énorme quantité d’échantillons qu’il a analysés: environ un millier de pièces, chacune contenant environ 500 pollens. «Un méga business», comme le déclare Rey. La précision de la chronologie est d’une grande importance pour l’histoire de la colonisation. Les fouilles archéologiques montrent que, par exemple, les habitations sur pilotis ne durent souvent que 10 à 20 ans. «Une indication de temps qui oscille autour de 100 ou 200 ans est donc inutile», explique Rey. À partir de ses échantillons de sédiments marins, il a également été en mesure de reconstituer des mouvements de tassement à l’aide de méthodes datées au radiocarbone et, par exemple, de montrer que les humains n’ont pas seulement commencé à polluer l’environnement récemment. «Les gens ont simplement éliminé les excréments et les déchets municipaux dans les lacs il y a des milliers d’années. Je n’aurais plus voulu m’y baigner.»

L’effort en valait la peine: Fabian Rey a reçu la meilleure note pour son travail et se voit également décerner le Prix Schläfli en géoscience par l’Académie des sciences naturelles. «C’est une reconnaissance non seulement pour moi, mais aussi pour l’ensemble du domaine de recherche», dit-il. «Vous n’en lisez pas tous les jours dans le journal.»

Fabian Rey est directeur de laboratoire du groupe de recherche en géoécologie de l’Université de Bâle depuis deux ans. «Je suis très heureux de pouvoir faire cette recherche. Cela me plaît vraiment.» Il est particulièrement heureux d’être impliqué dans un projet en lien avec sa thèse: en collaboration avec l’Office d’archéologie du canton de Thurgovie, les analyses de sédiments sont censées fournir des informations sur l’histoire de la colonisation en Suisse orientale, dans les lacs qui s’y trouvent. Fabian Rey est donc avant tout un conteur: il raconte l’histoire de l’humanité avec l’aide des plus petits témoins contemporains à peine perceptibles - «l’histoire orale» d’un paléo-écologue.

Astrid Tomczak-Plewka

  • Coring action during the field campaign at Hüttwilersee. From left to right: Richard Niederreiter, Beat Möckli, Fabian Rey, Urs Leuzinger.
  • Preparing a sediment core section from Moossee for subsampling.
  • Coring action during the field campaign at Hüttwilersee. From left to right: Richard Niederreiter, Beat Möckli, Fabian Rey, Urs Leuzinger.Image : Ieva Grudzinska1/2
  • Preparing a sediment core section from Moossee for subsampling.Image : Erika Gobet2/2

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