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Anna-Katharina Pfitzner – à la recherche de réponses fondamentales

Prix Schläfli 2022 en biologie

Prix Schläfli 2022: Les éléments biologiques microscopiques, c’est son truc : la biologiste Anna-Katharina Pfitzner a étudié un mécanisme important qui intervient dans de nombreux processus de la biologie cellulaire.

Prix Schläfli 2022: Anna-Katharina Pfitzner
Image : Anna-Katharina Pfitzner

Astrid Tomczak-Plewka

Certains ne peuvent pas échapper à leur héritage. Dans le cas d’Anna-Katharina Pfitzner, il en est très bien ainsi. Lors des repas en famille, la jeune femme aujourd’hui âgée de 29 ans écoutait déjà ses parents parler des protéines : un sujet de conversation évident pour deux biologistes. Cet intérêt pour les molécules, l’ADN et la réplication cellulaire a donc été transmis à Anna-Katharina dès le berceau ou presque, et bien qu’elle ait connu des « périodes rebelles » à l’adolescence, comme elle le dit elle-même, elle a néanmoins suivi les traces de ses parents et étudié la biochimie à Tübingen.

Pendant son doctorat à l’Université de Genève, elle a étudié la machinerie ESCRT-III qui est importante pour de nombreux processus intervenant dans la biologie cellulaire (par exemple pour la réparation des membranes cellulaires ou la formation de vésicules et de compartiments cellulaires responsables du transport des molécules à l’intérieur de la cellule). Pour son travail, elle a examiné six protéines à la loupe afin de découvrir comment les protéines ESCRT-III réalisent ces processus. Un procédé très complexe, en effet : comme le souligne son superviseur Aurélien Roux, « avec un tel nombre de protéines, le nombre de paramètres à ajuster est extrêmement important et nécessite un dosage adéquat des concentrations des différentes sous-unités et des sels ». Les protéines ESCRT-III forment des fils, appelés filaments. La jeune chercheuse a découvert qu’une succession de protéines ESCRT-III légèrement variables forme des filaments qui se modifient continuellement. Cela entraîne à son tour la déformation et la fission de la membrane. « Ce mécanisme est facile à comprendre et à moduler », explique Anna-Katharina Pfitzner, « et il explique comment le complexe ESCRT-III s’adapte aux nombreuses fonctions cellulaires qu’il remplit ».

« J’adore la recherche fondamentale »

Voir son travail récompensé par le Prix Schläfli est pour elle « un grand honneur. Alors même que j’ai travaillé dans un domaine de niche. » Ce prix est en outre une profession de foi en faveur de la recherche fondamentale. « Cela me passionne », confie Anna-Katharina Pfitzner. « Nous devons comprendre comment les processus naturels fonctionnent pour résoudre les problèmes. » Pour illustrer son propos, elle prend un exemple du quotidien : « Si ma voiture s’arrête soudainement, un mécanicien peut démonter tout le moteur pour chercher une pièce défectueuse, bien sûr », dit-elle. « Néanmoins, un plan de montage du véhicule reste très utile »

En fin de compte, il ne s’agit pour elle de rien de moins que de comprendre l’ensemble de la biologie cellulaire. « Au final, tout n’est constitué que de réactions chimiques, d’atomes qui réagissent les uns avec les autres, selon des principes fondamentaux. » Voilà la formule qu’utilise Anna-Katharina Pfitzner pour résumer la vie. À un moment de la conversation, elle l’exprime à nouveau en citant Johann Wolfgang von Goethe : « connaître tout ce que le monde cache en lui-même » De telles phrases pourraient sembler désinvoltes, mais la biologiste cellulaire de 29 ans réfléchit bien à ce qu’elle dit et à la manière dont elle le dit. Pendant l’entretien, elle est assise dans une pièce austère de Boston, au Massachusetts, où elle travaille depuis février en tant que chercheuse postdoctorale à la Harvard Medical School. La sobriété de l’environnement agit comme un miroir de son esprit, entraîné à analyser, à vérifier et à observer de manière critique.

Certes, sa famille, son ami en Suisse, le ski, le chocolat et la fondue lui manquent. Mais a-t-elle le mal du pays ? Non (pas encore). Elle apprécie plutôt le privilège de voyager partout pour son travail et de découvrir différentes cultures. La culture scientifique aux États-Unis, par exemple, est moins hiérarchique. Il est vrai qu’elle se sentait très libre à Genève, « j’espère qu’il en sera de même ici ». En outre, le mélange de cultures très diverses lui plaisait beaucoup à Genève. « Seule la communication en français était un peu difficile », reconnaît-elle. Elle y travaille d’ailleurs désormais. Elle aime beaucoup lire, surtout de la fiction. En ce moment, elle lit « Harry Potter » en français. Car elle aimerait revenir en Europe à long terme. Et qui sait ? Elle choisira peut-être de nouveau Genève.

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